9 novembre 2017 à 17:05
anecdotes du foot ... culture foot
C’est une histoire que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Heureusement, Football Stories ressort les archives du placard pour le meilleur comme pour le pire.
Quand on vous parle de maillot brésilien, il ne s’agit bien évidemment pas de l’épilation très échancrée empruntée à nos voisins latinos. Mais bien de l’histoire des tenues de l’équipe de la Seleçao. Vous ne le saviez peut-être pas, mais la sélection brésilienne n’a pas toujours représenté son pays sous le jaune canari et le vert pomme. On vous raconte le pourquoi du comment à travers cet épisode peu glorieux que le Brésil n’est pas près de zapper.
Plus blanc que blanc
Lorsque l’on pense à l’équipe du Brésil, les premières choses qui nous viennent à l’esprit sont les dribbles de Neymar et surtout, les couleurs flashy de leurs équipements sur le terrain. L’histoire du football nous révèle que les maillots brésiliens n’ont pas toujours été ceux que l’on connaît.
Et ce n’est pas le journaliste sportif, Bernard Lions, auteur de 1 000 Maillots de foot, qui dira le contraire. Le maillot est au foot ce que la sauce tomate est à la pizza, un emblème. Plus qu’un vêtement de sport, il est une pièce de collection pour les supporters, un outil de travail pour les joueurs, une source de revenus pour les équipementiers. Un symbole, voire un objet de superstitions pour certains. Et le Brésil n’est pas en reste à ce niveau-là.
La première apparition publique des Auriverdes remonte au match amical contre un club anglais en 1914. Ils apparaissent vêtus d’un maillot blanc comme neige avec un liseré bleu sur les manches. Un choix bien loin des couleurs de leur drapeau. Cette “non couleur” est souvent associée à l’idée de la perfection, de la pureté et de la supériorité. Ça va les chevilles ?
Les maillots de l'équipe du Brésil lors de la rencontre face à Exeter City en 1914. (© Archives Exeter City)
Un combat gagné d’avance
Même s’ils ont fait quelques infidélités colorimétriques, les Brésiliens conservent majoritairement un maillot blanc jusqu’en 1950. Cette année-là, grande première pour le pays, le Brésil se retrouve pays organisateur de la Coupe du Monde. Un honneur sur lequel il compte bien s’appuyer pour faire de ce Mondial le sien. Mais la suite est tout aussi imprévisible que redoutable.
Cette compétition ne devait pas avoir de finale, les dernières phases étant en fait un mini-championnat. Mais le dernier match opposait deux équipes qui pouvaient encore terminer premières : le Brésil et l'Uruguay. Pour les Brésiliens, l’objectif est simple : ils peuvent se contenter d’un match nul pour crier victoire.
Un challenge qu’ils pensent alors gagné d’avance, les joueurs allant même jusqu’à fanfaronner auprès de leurs supporters. Le milieu Zizinho n’hésite pas à signer des autographes avec la mention "Brésil champion du monde". Ce match ne devait être qu’une formalité pour démontrer leur suprématie dans le milieu footballistique.
Sound of Silence
C’est l'air que Simon and Garfunkel auraient pu fredonner sur le terrain du Maracanã. Mais revenons à nos moutons. La première mi-temps commence sur les chapeaux de roue, avec un Uruguay sur les dents face à une équipe locale réactive. Pourtant, malgré de nombreuses occasions de marquer pour le Brésil, aucun but n’est validé. Le jeu semble cadenassé face à une défense uruguayenne coriace.
La seconde partie du match, à l’inverse, débute fort avec un but du Brésilien Zizinho, même pas deux minutes après la reprise. Dans les gradins, la fête est déjà au rendez-vous, ce tir symbolisant la victoire pour les 52 millions de Brésiliens. Mais le jeu se renverse lorsque Ghiggia parvient à se libérer de son adversaire, Bigode centre sur Juan Schiaffino qui marque pour l'Uruguay. Un but surprenant qui laisse le public sans voix, faisant trembler les Brésiliens à l’idée d’une possible défaite. Ces derniers repartent à l’attaque mais Ghiggia refait des siennes et marque à son tour, scellant le score.
Au Maracanã, devant 200 000 spectateurs, le Brésil, à gauche, affronte l'Uruguay et Maspoli, son gardien. (© AFP)
La Seleçao tente par tous les moyens d’égaliser mais lorsque l’arbitre siffle la fin du match, c’est la décrépitude. Le stade est en deuil, l’Uruguay, face à ce public déconfit, pleure aux côtés du Brésil. "Moi je pleurais encore plus que les Brésiliens, parce que ça me faisait de la peine de les voir souffrir. On était tous très émus", se souvient Schiaffino dans l’ouvrage de Jules Rimet, L’Histoire merveilleuse de la Coupe du Monde.
Pire encore, la victoire de l’Uruguay est tellement amère qu’aucune cérémonie de remise de prix n’est organisée. Pas un hymne national, pas un applaudissement ne résonne dans le stade. Jules Rimet, président de la Fifa, la coupe sous le bras, se faufile dans la foule pour remettre le trophée discrétos. Cet épisode portera même le nom O Maracanaço, traduction : le coup de Maracanã.
Football Samba !
La coupe est pleine. Les médias s’y mettent à leur tour, remettant en cause le maillot "peu patriotique" du Brésil. Il n’en fallut pas plus pour que la fédération organise un concours pour redessiner sa tenue. C’est un garçon de 19 ans qui remporte alors tous les suffrages avec son maillot jaune à parements verts et un short bleu. Bon, côté harmonie des couleurs, Cristina Córdula n’aurait probablement pas validé, mais c’est à lui que l’on doit l’autre surnom de la Seleçao: les Canarinho (les petits canaris). Des coloris qu’ils n’ont pas remis en cause depuis mais qui ont évolué au fil du temps. Un constat parfaitement illustré dans une infographie réalisée par le Guardian juste ici !
Ronaldo, cette fois en jaune, pour la victoire du Brésil à la Coupe du Monde 2002. (© Patrick Hertzog/AFP)
Coïncidence ou pas, ce renouveau portera ses fruits, offrant au Brésil cinq titres mondiaux et une renommée internationale.
Commentaires